Historique

L’actuel château de la Guerche fut construit à partir de 1454 par André de Villequier.

Vers 1495-1505, son fils Arthus achève de construire les quatre ailes du château.

Pendant les guerres de religions (fin du XVIè siècle), le château de la Guerche est pris d’assaut et pillé par les troupes royales. Vers 1650, César d’Aumont, gouverneur de Touraine, reconstruit le corps de bâtiment au sud-est. Il fait également reprendre la façade du château afin de lui donner plus de régularité et de symétrie.

Le XVIIIème voit le déclin du château. Acquis aux enchères par le puissant marquis Voyer d’Argenson en 1735, Ministre de la Guerre de Louis XV, le château sert essentiellement de relais de chasse.  Sous la Terreur, les toitures et le dernier étage du château sont démolis.

Le château de la Guerche semble s’acheminer vers une ruine rapide lorsque Raoul de Crouy et Victorine d’Argenson, son épouse, s’y installent en 1829. Ils réalisent d’importants travaux de sauvetage, comme le rétablissement des toitures, et des travaux d’aménagements (décoration ” troubadour ” des salons du rez-de-chaussée) ainsi que la plantation d’un parc à l’anglaise, qui confèrent au château son aspect actuel.

Au lendemain de la guerre de cent ans, en 1450, André de Villequier, vassal direct du roi Charles VII, rachète au baron de Preuilly les droits féodaux sur les terres de la Guerche, notamment les droits de justice (expliquant la présence d’une prison seigneuriale dans le château) et le droit de commerce, essentiel dans le développement du village de la Guerche (construction de halles, fortification du village…).

Il débute les travaux du château en construisant le châtelet d’entrée, avec son pont-levis donnant sur la cour du village, et édifie une tour massive, donnant sur la rivière et sur le pont.

De par sa situation stratégique, en bord de Creuse, et à proximité d’une route passagère, le château de la Guerche se devait en effet d’être une forteresse imposante.

Ces travaux sont interrompus par la mort prématurée d’André en 1454, entrainant une guerre fratricide entre ses deux fils, Arthus (l’aîné) et Antoine, pour récupérer la fortune de leur père, dont le château de la Guerche.

Alors qu’Arthus avait été élevé à la cour de Bretagne (on le trouve en 1466 comme page du duc), Antoine grandit à la cour de Louis XI, dont il devint un conseiller. Bénéficiant de l’appui royal, Antoine va jusqu’à faire arrêter sont frère aîné en mars 1476, pour récupérer l’héritage d’André de Villequier. Il obtient finalement en avril 1476 un partage de la succession tout à son avantage, mais la propriété de la Guerche est cependant reconnue à Arthus.

Il faut attendre 1489, Louis XI décédé, pour qu’un nouveau partage des biens soit arrêté par le Parlement de Paris. Arthus ayant l’argent nécessaire, il avance la construction du château à partir de 1495.

Après la lutte entre les deux héritiers d’André de Villequier, Arthus de Villequier commence à partir de 1495 la deuxième campagne de construction du château de la Guerche. Il fait édifier un logis somptueux sur le bord de la Creuse.

Ce corps de logis s’inscrit parmi les plus belles réalisations architecturales de l’époque tant par son ampleur (six niveaux, 33 mètres d’élévation), que par ses innovations architecturales (casemates d’artillerie dotées d’ouvertures à la française, escalier à pans droits, coursière, distribution) ou par la richesse de son décor (malheureusement disparu).

Ce bâtiment fut complété dans le courant du seizième siècle par un corps de galeries et des jardins réputés.

Les visites royales de Charles VII à André de Villequier (au XVème siècle) puis d’Henri III et de Catherine de Médicis à Claude de Villequier, attestent de l’importance du château à cette époque.

Bénéficiant pleinement de l’ascension sociale des Villequier, et de la vitalité économique de la Touraine, la Guerche semble avoir ainsi prospéré au XVIème. La tenue de marchés (hebdomadaires) et de foires (quatre par an) nécessita la construction de halles, en face de l’Auditoire.

Le XVIème siècle s’achève avec les guerres de religions. Georges de Villequier, militaire de vocation, devenu gouverneur de la Marche en succession de son père, rejoignit la Ligue pour continuer à guerroyer contre les protestants. Devenu le champion de la Ligue pour le Poitou, Georges se vit retirer sa charge de Gouverneur de la Marche par Henri III. Il fut tué en février 1592 en tentant de dégager le château de la Guerche, bastion de la ligue, assiégé et pillé par les troupes royales de Henri IV.

Après la mort de Georges de Villequier, en 1592, pendant les guerres de religions, le château de la Guerche passe, par le mariage de Charlotte-Catherine de Villequier et Jacques d’Aumont , entre les mains de la famille d’Aumont.

Leur fils, César d’Aumont, gouverneur de Poitiers puis de Touraine réalise d’importants travaux sur le château vers le milieu du XVIIème siècle.

Parmi ces travaux, on peut noter un allègement de l’ornementation flamboyante sur le logis. Toutes les fenêtres de façade sont reprises, et de nouvelles portes d’accès au logis sont percées.

L’escalier d’honneur gothique est remplacé par un nouvel escalier. L’entrée initiale sur la tour carrée  est  murée et son décor flamboyant effacé.

César d’Aumont fait également construire un nouveau corps d’habitation de trois étages entre le châtelet d’entrée et la tour plate, là où ne se trouvait, semble-t-il, qu’une épaisse muraille. La façade extérieure est sobre et harmonieuse. On lui attribue par ailleurs la construction des  écuries, qui portent la date de 1642.

Ces travaux ont coûté cher à la famille d’Aumont. En 1709, Anne d’Aumont, criblée de dettes, est contrainte à vendre le château de la Guerche aux enchères pour désintéresser ses créanciers.

 XVIIIè siècle : le déclin du château et la Révolution

César d’Aumont laisse à sa mort une situation de fortune très altérée. Ses descendants décident de vendre la terre familiale en 1709. Après être passée entre plusieurs mains, la Guerche est achetée aux enchères en 1735 par Pierre Marc de Voyer de Paulmy, comte d’Argenson, ministre de 1742 à 1757 (Louis XV).

La famille d’Argenson, qui possède des propriétés considérables dans le sud de la Touraine et le nord du Poitou, n’utilise le château que pour leurs chasses. Ils étendent les forêts qui entourent le château et y tracent des allées cavalières. Le château semble avoir été régulièrement entretenu durant cette période.

Sous la Révolution débute une phase de destruction massive. Une série de documents permet de suivre le démontage en 1794 des toitures et du chemin de ronde des différentes tours et du corps de logis. L’opération semble n’avoir dégagé aucun bénéfice. On peut donc se demander si elle n’a pas été initiée par un décret de la Convention.

Marc-René d’Argenson, le fils de Pierre-Marc, entreprend quelques travaux de sauvetage (rétablissement d’une toiture sur le corps de logis et le châtelet d’entrée), mais semble désintéressé du château. L’aile des jardins, ruinée, est alors utilisée comme carrière pour les réparations des dépendances du domaine et la construction d’un moulin sur la Creuse. Les douves sont comblées de gravats des démolitions de la partie nord du corps de logis. Les tours du Nord et du Pont restent sans couverture, tandis que la tour de l’escalier d’honneur et la tour plate sont taillées en biseau.

Dufour témoigne en 1812 de ces mutilations : ” ce bâtiment digne, à l’époque de sa construction, de la magnificence royale, est bien déchu de son ancienne splendeur. L’aile droite et les communs sont entièrement abattus ; le corps de logis a été baissé d’un étage, et la hauteur des tours réduite à une élévation parallèle au bâtiment actuel. Le jardin est plus que mesquin ; les douves ont été comblées depuis longtemps. “.

On voit nettement dans les combles du château la destruction de l’étage. Les voûtes et les murs sont “déconstruits” de manière à épouser la forme de la nouvelle charpente.

Plusieurs fois mis en vente par Marc-René d’Argenson, la terre et le château de la Guerche ne trouvèrent pas d’acquéreur.

Le château fait alors parti de la dot de Victorine d’Argenson, qui épouse en 1825 Raoul de Crouy. Après cette sombre période pour le château, le XIXè siècle annonce la véritable renaissance du château de la Guerche.

Fortement détérioré à la période révolutionnaire, le Château de la Guerche fait partie de la dot de Victorine d’Argenson qui épouse en 1825 André-Rodolphe -dit Raoul- de Crouy.

En 1829 le couple décide de s’installer à demeure au château de la Guerche et entreprend d’importants travaux de restauration et d’aménagement ainsi commentés par Raoul de Crouy : “si nous n’avons pas cherché à ressusciter l’ombre d’une époque bien éloignée de nous, ainsi qu’on essaie en vain de le faire de nos jours, du moins nous avons arraché ces constructions à une ruine complète, et ses murs sont devenus quelque chose de plus confortable, de plus campagne qu’aux siècles derniers “.

La tour du Pont, qui s’était à demi effondrée, est reconstruite en 1839 et sa toiture, comme celle de la tour du Nord, rétablie. Le grand salon (salon brun), le vestibule et la bibliothèque reçoivent un intéressant décor troubadour, mouluré dans le stuc (plâtre peint).

L’accès au château est déplacé (entrée actuelle du château, depuis la place de la mairie). Désormais, les visiteurs traversent un parc paysager planté en 1830-1831 le long de la Creuse, avant d’accéder à la cour par une rampe jetée sur les décombres du corps de galerie. L’ancien corps de garde devient une cuisine. Les travaux de Raoul et Victorine seront poursuivis par leur fils aîné, Marc-Henri (décaissement de la cour et forage d’un puits artésien).

En 1906 Henri de Crouy, le fils de Raoul, entreprend d’importants travaux de sauvetage et de modernisation du château : réfection des toitures, restauration du parc, électrification, eau courante, chauffage central. Au niveau architectural, il reprend la façade sur cour de l’aile d’Aumont et met en place des croisées néo-gothiques, aménage le corps de garde du châtelet d’entrée en salle à manger, et reconstruit la tour Plate.

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